remise des prix

18 juin 2014 § Poster un commentaire

Arthur ouvre la voie : 1er prix du scénario d’une émission (de l’argent), reçu la semaine dernière.

Carlotta le seconde : 1er prix d’un concours de la nouvelle organisé avec les élèves de 6ème (un livre et une tablette tactile), reçu ce lundi.

Gabriel, on ne dit rien, admissible, planche pour les oraux.

Chez Carlotta et Arthur, il y a un contentement mal assuré, presque tremblé, encore proche de l’étonnement, de l’étonnement d’eux-mêmes ; de fait, il ne s’agit pas du travail d’une année ou de plusieurs, mais d’un coup.

Saint-Simon, 1705, Pléiade, 1948, tome II, chap. XXVI, pp.444 et ss ; mais tome IV, chap. XXI, dans une autre édition (sans notes), ou bien encore Tome Quatrième, chap. XXVIII, édition Sautelet et Cie, 1829, pp. 332 et ss. Ce qui me fait penser depuis quelque temps que je dois louper de nombreux passages.

« Mme d’Alègre maria en ce même mois sa fille à Rupelmonde, Flamand et colonel dans les troupes d’Espagne, pendant que son mari était employé sur la frontière; elle s’en défit à bon marché, et le duc d’Albe en fit la noce. Elle donna son gendre pour un grand seigneur, et fort riche, à qui elle fit arborer un manteau ducal. Sa fille, rousse comme une vache, avec de l’esprit et de l’intrigue, mais avec une effronterie sans pareille, se fourra à la cour, où avec les sobriquets de la blonde et de vaque-à-tout, parce qu’elle était de toutes foires et marchés, elle s’initia dans beaucoup de choses, fort peu contrainte par la vertu et jouant le plus gros jeu du monde. Ancrée suffisamment, à ce qu’il lui sembla, non contente de son manteau ducal postiche, elle hasarda la housse sur sa chaise à porteurs. Le manteau, quoique nouvellement, c’est-à-dire depuis vingt ou vingt-cinq ans, se souffrait à plusieurs gens, qui n’en tiraient aucun avantage, mais pour la housse, personne n’avait encore jamais osé en prendre sans droit. Celle-ci fit grand bruit, mais ne dura que vingt-quatre heures. Le roi la lui fit quitter avec une réprimande très forte.

Le roi, lassé des lettres de Mme d’Alègre, qui tantôt pour Marly, tantôt pour une place de dame du palais, exaltait sans cesse les grandeurs de son gendre, chargea Torcy de savoir par preuves qui était ce M. de Rupelmonde. Les informations lui arrivèrent prouvées en bonne forme, qui démontrèrent que le père de ce gendre de Mme d’Alègre, après avoir travaillé de sa main aux forges de la véritable dame de Rupelmonde, en était devenu facteur, puis maître, s’y était enrichi, en avait ruiné les possesseurs, et était devenu seigneur de leurs biens et de leurs terres en leur place. Torcy me l’a conté longtemps depuis en propres termes. Mais l’avis était venu trop tard, et avait trouvé Mme de Rupelmonde admise à tout ce que le sont les femmes de qualité. Le roi ne voulut pas faire un éclat.

Jamais je ne vis homme si triste que ce Rupelmonde ni qui ressemblât plus à un garçon apothicaire. Je me souviens qu’un soir que nous étions à Marly, et qu’au sortir du cabinet du roi Mme la duchesse de Bourgogne s’était remise au lansquenet, où était Mme de Rupelmonde qui y coupait, un suisse du salon entra quelques pas et cria fort haut: « Madame Ripilmande, allez coucher; votre mari est au lit qui envoie vous demander. » L’éclat de rire fut universel. Le mari, en effet, avait envoyé chercher sa femme, et le valet, comme un sot, avait dit au suisse la commission, au lieu de demander à parler à Mme de Rupelmonde, et la faire appeler à la porte du salon. Elle ne voulait point quitter le jeu, moitié honteuse, moitié effrontée; mais Mme la duchesse de Bourgogne la fit sortir. Le mari fut tué bientôt après. Le deuil fini, la Rupelmonde intrigua plus que jamais, et à force d’audace et d’insolence, de commodités et d’amourettes, parvint longtemps depuis à être dame du palais de la reine à son mariage, et par une longue et publique habitude avec le comte depuis duc de Grammont, à faire le mariage de son fils unique avec sa fille rousse et cruellement laide, sans un sou de dot. »

Mme de Rupelmonde, par Nicholas Largillière

Voltaire dédiera une épître, Le pour et le contre, à Madame de Rupelmonde, devenue veuve, puis carmélite.

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