le silence d’août à Paris

4 août 2014 § Poster un commentaire

Le bruit de petites billes qui tombent pendant plusieurs minutes sans régularité sur le plancher des voisins du dessus n’était que les minuscules craquements de plastique des battants de la fenêtre de la salle de bain qui s’ouvraient un peu et se refermaient un peu. Mes voisins sont partis, ont prévenu, ont vidé leur frigo des denrées périssables ; c’est Carlotta qui a réceptionné le sac blanc : trois yaourts nature, un au muesli, deux chèvres, tous bio. Au marché, vendredi, nombreux emplacements vacants. L’une des deux maraîchères a dit c’est août, ça. Pas de patates, pas de pommes, pas de morue habituelles. Et ce matin, lundi 4, le boulevard reste silencieux. La rumeur des voitures ne monte pas du dehors. Paris en août, première ou deuxième fois.

2001 a space odyssey

3 ème matin à 6 h, 100 abdos chaque fois.

Kiss Me Deadly- Robert Aldrich. 1955

Courir peut-être.

Un article à écrire pour le 17. Un autre pour septembre. (les éponges… capteurs)

L’enfant qui hurle, se lamente, n’habite nullement au cinquième rue de Crussol, mais à un autre endroit. 19 h 13, il hurle et réclame son père, sa mère, j’entends maman, comme si elle était très loin. Il doute de sa propre petite voix à se faire entendre. Tout à l’heure ou hier, il était au coin. La mère a dit le coin. Ce doit être un coin fermé. Il hurle, use ses forces comme maintenant, puis cesse, pleure, puis argumente je suis calmé, viens, reprend par quintes de hurlements, s’égosille. Il ne devrait pas s’égosiller. En général, la mère arrive, crie, et c’est reparti pour une séance de coin. Là, il hurle c’est fini, c’est fini, hurle. 19 h 20, plus rien.

Mardi, réveillé 5 h 11, levé 6 h 20. Les vieux ouvrent leurs volets à 6 h 30 ! ciel sans nuages.

Mardi soir, dîner avec Gabriel. Tous les changements qui l’attendent.

Aujourd’hui mercredi, 18 h, la pluie tombe droite. Grondements. Air frais.

Jeudi, 15 h, café Le roi de pique, donner les guides, expliquer. Il pleut le temps de la conversation. Philippe Calderon sort du café à un moment, je dis, je le connais, je ne peux pas l’appeler alors qu’il s’éloigne parce que j’ai oublié son prénom ; mais il revient chercher son parapluie, il me reconnaît, nous nous saluons, toujours sans prénom, et c’est quand il s’éloigne pour la seconde fois que je me souviens de son nom. J’en discute avec V., et de son air un peu perdu, affairé.

Il est 20 h 30, le type du sixième rue de Crussol qui vit à poil délire, lance des injures au ciel, dit prends ça dans ta gueule en levant le bras vers sa fenêtre toujours ouverte, aux montants tendus de draps rouges ; tiens, il porte un pantalon ; il se baisse sur sa droite vers un frigo sans doute, mange un truc ; il a l’air allumé. Maintenant, plus rien. J’ai tiré mon rideau pour voir, rideau qui sert dans la journée, et plutôt le matin, à protéger l’ordi du soleil.

Vendredi, insupportable réveil à 3 h 30, traîné jusqu’à 4 h 40, levé. C’est le vieux du dessous qui fait du bruit, déplace des meubles, parle fort parce qu’il ne s’entend plus parler. Rencontré sa fille, une vieille dame qui peine à monter au troisième, gentille qui me donne des nouvelles du centenaire : il descend les étages, mais ne sort plus, et il reste toute la journée chez lui et il s’ennuie. Faut savoir ce qu’on veut.

Et maintenant, il est 20 h 37, et rien, la pluie s’arrête. Sieste avortée, fatigué, rien foutu.

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