dimanche + août

17 août 2014 § Poster un commentaire

Donc silence. Eveillé à 5 h.

Terminé un article, envoyé, approuvé, mais retravaillé. Mais on est encore le 18 août. Mois très long. Courses à Carrefour rue Amelot. Les caissières désœuvrées, même un lundi. Parler aux commerçants. Parler aux pépins du citron pressé qui s’insinuent dans les lentilles, les en extraire de la fourchette. Non, non, poubelle.

Mardi 19 août. Bon, des nouvelles du type à poil, 20 h 58, il est à quatre pattes devant sa propre fenêtre et observe le dehors, 20 h 59, il se redresse, attrape un truc blanc, non, il se remet en position à genou, se frotte le bas-ventre ; j’hésite à tirer le rideau, je crois qu’il ne me voit pas ; lui-même se situe dans son obscurité, croit-il, et le mois d’août ; de là où je suis je ne sais pas ce qu’il bricole sur sa bite, il frotte et regarde vers le dehors, puis regarde au dehors, et ma direction bien sûr. Je dispose d’un tout petit angle entre mon ordinateur et le montant de la fenêtre pour l’observer en même temps que j’écris, 21 h 02, il est toujours sur sa bite, à genoux, la regarde et la touche d’une main. Il se relève. Il est à une cinquantaine de mètres, plus peut-être. Maintenant, le rectangle de sa fenêtre est noir. Va falloir que j’allume, je ne vois plus les touches pour les accents notamment, même si la lumière de l’écran de l’ordi et ma connaissance du clavier et les automatises de frappe me permettent de continuer à écrire. Lueur blanchâtre à sa fenêtre, je me demande s’il m’aperçoit éclairé justement par mon écran. 21 h 09. Je n’allume pas. Ces jours derniers, une chaise avec une veste sur le dossier lui ont servi de paravent. Jour et nuit, fenêtre ouverte, alors qu’il faisait plutôt froid ces dernières nuits. Je ne ne le vois que lorsque le soleil cesse de taper mes fenêtres et l’ordi et que je peux tirer le rideau, l’ouvrir. Il perd ses cheveux et son corps est velu. Il n’a pas allumé alors que la nuit tombe, et moi non plus. Les vieux ont fermé leurs volets. 21 h 18, la nuit est presque là. J’allumerais si je ne pensais qu’il réapparaîtrait ; je vais tenir encore quelques minutes ; il habite un studio, donc, ce n’est pas grand, donc, il ne doit pas être très éloigné de sa fenêtre et il doit être dans le noir. 21 h 20, j’allume, j’ai prévu ensuite de me lever et d’aller dans la cuisine pour voir où en est la quiche aux poireaux. 21 h 22, retour devant l’écran, toujours noir chez le type. A deux fenêtres de chez lui, toujours au même et dernier étage de l’immeuble, une fenêtre est allumée où un autre type reste des heures de profil face à ce qui ne peut être qu’un écran. Peut-être est-ce le même type.

Mercredi, lever 6 h 15. Fenêtres de l’immeuble en même état : l’une allumée et l’autre ouverte. 6 h 33, l’allumée s’éteint.

Jeudi. Article relu et approuvé avec ses ajouts.

l’art avide de réel. Le réel avide d’art.

Le dessin évide, voué à la case, à la cerne. Il cerne, découpe, disjoint, fait des parties dans le continuum. Vide, contour. Il résume (deux cheveux, quelques mèches dessinés avec application et la chevelure est cernée à sa place à grands traits)(la matière d’une maison, d’une joue n’a nul besoin d’être détaillée pour figurer). Justesse. Il pare au plus pressé. Efficace. Pressé. Le dessin qui s’en prend à l’événement doit lui-même s’arranger en un petit événement, poser une question, en soulever un bord, dévoiler, soulever le voile, soulever la couverture (médiatique). Sa fonction de schéma filtre l’événement, écorche. Leçon de choses, didactique. Les grandes lignes.

Pas de transformation de matière. Capture de lignes.

Puis le dessin serait toujours le projet d’autre chose (architecture, canevas, modèle, ébauche, croquis), avant la chose, schéma, intentions. Il y a donc toujours à l’esprit ce manque de matière (parfois de couleurs) que le regard recompose d’autorité, interprétant, bouchant les trous, on replace la chair où il faut. Le dessin de presse se suffit à lui-même, mais nous continuons cependant à colmater. Démuni, squelette d’une peinture

Plus une opposition de support : journaux ( en une ou insert), livres, affiches, couverture. Le dessin crée une cible ; l’oeil (haptique) capté y suit un tracé jusqu’au sens.

Jean et François Clouet, tout savoir de leur protocole de dessin, des séances, de la lumière, de la conversation, du temps passé, des gens autour. Allier la finesse des traits à l’élégance des architectures des châteaux. Mais les Valois sont laids. Donc d’autres.

jean-clouet-jean-de-la-barre-musée de Condé

jean-clouet-portrait-de-jean-de-dinteville

Isabelle_de_Hauteville© René Gabriel Ojéda ; © Réunion des musées nationaux

Ce mois d’août aura été, il n’est toujours pas terminé, le moins bavard. Carlotta ce matin qui, de Marseille où elle tentait d’installer une nouvelle app pour discuter avec Lili avait besoin d’un numéro de portable et est-ce que je voulais bien ? Le ditportable n’avait plus de batterie et plus de nouvelles. Sylvie, 4 jours à Barcelone, m’envoie des SMS, puis des photos sans doute que mon appareil ne peut lire. Vu Arthur à son retour de Berlin il y a quatre jours. Vu Gabriel avant son départ pour le Portugal. Vu Pierre le mercredi 13 août au Mazarin avant son départ pour la Corse. Sinon et depuis vu personne.

Essai de lire quelques livres de la rentrée, lâche, sauf un, écrit, travaillé, dont le choix du narrateur évoque le travail de Kafka dans ses nouvelles. Commencé Vie et destin de Vassili Grossman, mais ce n’est pas le moment. Par chance, je tombe sur Thomas Bernhard, Des arbres à abattre, que je relis.

The Grateful Dead – Black Peter.

All of my friends come to see me last night
I was laying in my bed and dying
Annie Beauneau from Saint Angel
say « the weather down here so fine »

Just then the wind
came squalling through the door (hurler)
but who can
the weather command ?
Just want to have
a little peace to die
and a friend or two
I love at hand

Fever roll up to a hundred and five
Roll on up
gonna roll back down
One more day
I find myself alive
tomorrow
maybe go
beneath the ground

See here how everything
lead up to this day
and it’s just like
any other day
that’s ever been
Sun goin up
and then the
sun it goin down
Shine through my window and
my friends they come around
come around
come around

People may know but
the people don’t care
that a man could be
as poor as me…
« Take a look at poor Peter
he’s liyin in pain
now let’s go run
and see »

Run and see
hey, hey,
run and see

Fin étrange. D’une chanson qui suit depuis des années. Je ne comprends pas tout. Cent et cinq ? Cette histoire de roll on up et roll back down. Sisyphe ?

Vers 19 h 30, le type à poil s’est habillé tout en noir. Ce matin, à poil, il a fait le ménage, ramassant avec une pelle en plastique des poussières qu’il a jetées par la fenêtre. Geste vif pour, doublement, ne pas se montrer.

20 h 09, il pleut avec une grande tranquillité ; c’est-à-dire qu’on n’entend pas la pluie. Et une autre chanson, de David Crosby.

Ce matin, samedi, 4 h 20, éveillé par une pluie plus sérieuse, dirait-on. Lever 5 h 04 après 100 abd. Essai ces jours-ci d’exercices : développé quatrième demi-hauteur (voire hauteur) et développé derrière demi-hauteur (voire arabesque), dix fois, vingt fois de suite (sans mains, sans bras, sans tête ni regard).

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