C’est décidé

17 février 2017 § Poster un commentaire

Strandleven. Een man staat klaar om een met een zweefduik aankomende vrouw op te vangen. 1937. Badnummer Het Leven.

Strandleven. Een man staat klaar om een met een zweefduik aankomende vrouw op te vangen. 1937. Badnummer Het Leven.

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Flora Photographica 281

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A. va s’occuper de la femme de son ami Rémi pour tâcher de la faire revenir à une raison qu’elle n’a jamais eue… ou plutôt qu’elle quitte en permanence. C’est très compliqué, à peine une tâche, nullement un devoir, plutôt un acte amical envers Rémi qu’il connaît depuis une vingtaine d’années. Rémi est d’abord très réticent non pas de cette perspective… mais dans la définition même de ce qu’il convient de faire. les mots tapent à côté de la cible, distordent tout. On dirait que tous deux, à parler ainsi, inventent un nouveau métier, une nouvelle fonction, raison pour laquelle ils peinent à isoler un vocabulaire adéquat. Cette nouveauté dont ils se persuadent manque de mots, voilà tout ! Mais sauver son couple lui semble la seule possibilité. Il tient à sa famille, n’envisage pas le divorce, quoique sa femme l’en menace plusieurs fois par mois mais, dès qu’il la place dans la situation d’une séparation, entame des démarches, consulte et lui expose ce qu’il en serait, elle fait machine arrière, ne s’adoucit nullement, déclare qu’elle reste avec lui en rageant… Elle craint l’abandon plus que tout… Elle l’accuse de vouloir partir, de la rendre malheureuse… Il aimerait qu’elle ait un amant. En tant qu’ami, A. ne pourra nullement l’aider dans cette voie. Non, tout est planifié, il va s’installer à demeure et tout mettre en oeuvre pour établir la paix. A. donne des preuves de sa légitimité, de son talent à arranger, à concilier (il a, voici quelques années, intercédé entre les éléments d’un couple qui se séparait afin de récupérer chez l’un (il ne se souvient plus si c’était elle ou lui) le lecteur de Cd (c’était l’époque des Cds) plus l’ampli Denon, tous deux restés, bon, bref, et il a réussi ; Rémi demande maintenant de qui il s’agissait mais sur ce point A. reste muet, tenant à conserver le secret de tractations d’un couple… blabla..)… A. et Rémi se connaissent tant, Rémi a tant de fois parlé de son couple, que l’affaire va bon train et qu’ils partent très loin dans la résolution… Ils en discutent la première fois assis tous deux sur une incroyable banquette zébrée blanc, jaune, rouge, orange, marron, noir dont le dossier très haut leur sert d’appui-tête en même temps qu’elle, la banquette, et lui, son dossier, les empêche quasiment de regarder en arrière tant les couleurs vives y saturent… y brouillent les perspectives… gênent le regard… d’un lieu très à la mode, dont ils se foutent, embarqués par la conversation… mais le lieu est très fort et impose par son bruit et ses couleurs d’être considéré… de la musique également, des gens à la mode… et des séquences de lumière noire qui font resplendir leur chemise et blanchir leurs dents d’un éclat luminescent… ils se demandent ce qu’ils font là… ils se sont laissés surprendre… ont poussé une porte… Ils sortent… Ce lieu à la mode, ils ont l’air de le découvrir à la lumière du problème de Rémi, problème dont ils s’accordent à dire qu’il n’est pas du, mais alors pas du tout à la mode… Ce que je veux, déclare A., ce que je veux avant tout, dans la liberté où je serai de partir quand je le voudrai, c’est que tu me dises exactement ce que tu désires. D’autre part, tu me verseras un salaire et tu me donneras des ordres. Le plus difficile pour toi, ce n’est pas l’argent, tu en as ; ni de me faire accepter dans ta maison… non… Les ordres ? devance Rémi. Oui, et aussi ce que tu veux vraiment. Ni toi ni moi ne voulons perdre du temps ni envenimer la situation… il faudra que tu me fasses confiance…

(Dès le départ, ils s’étaient tournés tous les deux vers le bruit, les gens qui passaient, les couleurs de meubles, parce que tout les gênait dans leur dialogue, et ils ne cessaient de s’intéresser aux choses autour, tentaient de décrire, de comprendre… et ils se faisaient souvent répéter ce que l’autre avait dit…)

zinaida-reich-1937 washington-dc-photo-by-burt-glinn-1968Rémi se lance à raconter l’histoire de ce parasite… il cherche le nom : la teigne, le pou, la punaise… pour faire exemple à la démarche de A., expliquer sa présence… Ce dernier ne l’entend pas de cette oreille : je serai moi, à visage découvert, parmi les tiens. Ah oui ! et sous quel motif ? dit Rémi. Sans ton de reproche, A. expose les dizaines de raisons de recevoir un ami plusieurs semaines, plusieurs mois. Rémi avait oublié, qui n’invite plus personne depuis qu’il vit avec sa femme impossible.

Untitled.; Garry Winogrand (American, 1928 - 1984); early 1960s; Gelatin silver print; 23.2 x 34.1 cm (9 1/8 x 13 7/16 in.); 84.XM.1023.27

Untitled.; Garry Winogrand (American, 1928 – 1984); early 1960s; Gelatin silver print; 23.2 x 34.1 cm (9 1/8 x 13 7/16 in.); 84.XM.1023.27

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Avaient-ils bu plus que de coutume ? Les semaines suivantes, il n’en fut plus question. Rémi et sa femme ont-ils trouvé soudainement la paix ? A., qui compte sur cet argent, en reparle. Une autre fois, dans un autre bar, Rémi raconte un rêve : il marche sur une route avec ses enfants montés sur un âne ; le chemin devient difficile ; l’âne peine ; à la boue succède le sable ; et Rémi, qui porte déjà ses enfants, doit porter l’âne pour passer la dune… Le plus incommode, ce n’est pas le mot, cherche Rémi, le plus terrifiant, c’est de devoir faire ce rêve chaque nuit. Il a regardé sur internet, n’y a pas trouvé la signification de son rêve. A. considère l’expression lointaine de Rémi, son oeil qui chancelle ; au tremblement de ses pensées… A. ne lui en veut pas de raconter un rêve, dont le récit toujours l’ennuie, mais de fabriquer un paravent d’histoires… qui cache le sujet d’importance… Quoi ? Peut-être pourrais-je présenter ainsi l’affaire à ma femme : toi, A., tu connais des problèmes dans ton couple et tu as besoin de t’éloigner, et de venir chez nous…

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Et puis, ce matin, rien d’autre à faire que de se réveiller à 5 heures et des poussières ; rhubarbe réduite dans la nuit, hop ! confiture. Cours à 8 heures.

Carlotta passe dans l’après-midi, pour son journal de lecture sur Si c’est un homme. Idées en marchant pour faire les courses.

Du ressort de quelle mécanique l’infernal oiseau trouve-t-il à claironner depuis huit ans sous mes fenêtres ? 5 heures, aujourd’hui jeudi 23 février. Ce n’est même pas le printemps. Ils sont plusieurs. Côté chambre, puis côté entrée. Évidemment, dès que le jour se lève, plus rien.

Jeudi 27 février, loin maintenant, on est mercredi 8 mars : Chai, Pierre, Pierre L. et un ami canadien, Bruno et Leila, Marie, la fille de Bruno, au comptoir devant un ballon de rouge, finalise sur le téléphone de son père l’achat d’un voyage. Mazarin, l’ami canadien, Pierre L., Pierre, puis Marie et Pascale ; puis Corinne et Iouri, et enfin Anna qui revient de Cuba, dont elle parle, expliquant la situation depuis l’entrée massive des touristes qui corrompent les lieux, les prix, les gens. Francis et Bruno dînent sur la banquette l’un à côté de l’autre, nous regardent en souriant ; Francis rappelle toujours l’ancien temps ; face à lui, Nathalie, qui sert deux fois par semaine, est malade, se plaint. Bus.

Il se dit tout le monde prend et lit Paris-Match et passe avant moi ; je devrais lire un des Paris-Match de l’une trois piles et je passerais ; il attend en lisant le livre qu’il a apporté, c’est malin ; à quoi ça sert sinon à se faire remarquer ? Une heure d’attente. Des patients entrés après lui et maintenus hors de la salle d’attente dans le hall sur des chaises et sans table basse et donc sans Paris-Match, passent avant lui parce qu’ils en ont pour peu. Donc, Paris-Match ou pas, il passera. Le médecin ouvre la porte, dit son nom. Il passe enfin, sans Paris-Match. Une femme déjà âgée, bedaine, canne, essoufflée, qui feuillette la revue en la toisant ; l’autre qui lit longuement tout. Rires dans la pièce adjacente d’où l’on entend presque la conversation. Deux vases très laids sur la cheminée-poèle ; moquette rouge qu’on sent rêche.

Hôpital

Gens qui vont guignant des heures leur nom sur Google, tâchant d’apprendre ce qu’ils sont. Leurs requêtes nourrissant des statistiques vides finissent par pallier leur absence.

Jeudi 23 mars, Chai, Pierre, Pascale. Mazarin, les mêmes, Francesca, puis de retour du Salon du livre, Marie, puis Noëlle et Uli.

Forcé à une conversation de bon aloi qui le rebute, il se soustrait peu à peu de la tablée, laisse passer les occasions de participer, dérive. C’est que, suivant sa volonté, il se place en bout de table, refusant de trôner ou d’occuper un centre, il se retrouve près du mari de l’amie ou de la femme d’un autre, aux occupations parfois fort éloignées des siennes ; ce qui devrait l’intéresser l’éloigne. A se demander s’il ne cherche pas la contrariété. Bêtise récurrente.

Jeudi 30 mars, beau temps toute la journée. Elèves au square du Temple, contents, ils jouent la scène du Médecin malgré lui sur la pelouse, mais on entend mal. Vérifier leur travail sur la potion, présentation d’une définition de la littérature (selon Foucault) : page comme seul lieu.

Chai, Pierre. Puis Anna B., puis Francesca. Mazarin, tables dehors, rue Mazarine à même la rue fermée pour travaux. Irina vient plus tard, serre son apparemment nouveau sac en python qu’elle pose sur la table et montre, contente de son achat ; des ventes de presse, dit-elle. Au toucher, on sent les écailles sur la peau tendue. Tard.

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