L’immense regret qui me conduit sur le chemin de chez moi

4 décembre 2017 § Poster un commentaire

sort le 4 janvier 2018 aux Éditions Phébus

mettre sa plus belle robe C’est une joie. Je m’entraîne.

A la réception !

Sander, August,
Turkish Mousetrap Salesman, 1924-30

Il faut une photo. Celle ci-dessus , la plus ressemblante.

Je n’en dors pas. J’ai des idées tout le temps. Je m’entraîne. Je serai prêt.

Mercredi 6 déc, ouvriers qui vident toutes les caves depuis des jours. Notre immeuble vendu à la découpe. Les caves également. Se retrouvent dans la cour intérieure des monceaux de montants de literie, de tiroirs, de baguettes de bois, de planches, des malles en métal, une statuette africaine cassée, un ballon de basket dégonflé, des étagères, des barres : tout ce qui a été placé à la cave, que les habitants d’ici comme partout ne voulaient pas jeter, qu’ils ont laissé mariner à l’ombre, et qui s’est altéré, désagrégé, qui a pourri, sent le moisi, et qui ne servira plus. Mais c’est du bois pour la cheminée. Avec Carlotta, nous remontons des sacs, des caisses de bûches ; je scie dans la cour et elle remonte les sacs. On en a plein les bras.

MUCEM Jean-Marie D.

Carlotta, genouillère, claquage, ascenseur au lycée, pas de livres pendant deux semaines. Felix culpa.

Déjeuner à la Fresque, Hervé A. qui, en fin repas, rencontre un ami qui dégaine une boîte d’allumettes aux armes de Twin Peaks dont nous avons parlé tout le repas. Anecdote de Hervé sur Bob, sur la propriétaire de la maison dans le dernier épisode. GOTTA LIGHT : la bombe atomique.

Commencé Lao She, Quatre générations sous un même toit (3 tomes) ; pause, lis et termine un roman de Fang Fang, Une Vue splendide.

Promenade dans le Marais, cherché le nom d’un parfum (nous étions, avec Arthur et Carlotta, passés devant un parfumeur qui offrait des petits mouchoirs en satin tous parfumés, passant et repassant nous en avions pris quatre ; Carlotta a suivi plusieurs épisodes de Twin Peaks dans les effluves de ce mouchoir ; lorsqu’elle aperçoit le mouchoir à présent, qui ne sent plus rien, le parfum et la série de David Lynch reviennent associés ; bref, cette après-midi, prenant le chemin de la boutique, la décision est prise de recoller les morceaux de sa mémoire en mettant un nom sur ce parfum ; c’est chez Penhaligon’s, le vendeur, gentleman et patient, vaporise une languette de carton blanc, puis une autre et une autre. Carlotta ne reconnaît pas. Il porte une moustache très travaillée, comme celle de Dali. Nous essayons de nous rappeler la date de cette distribution de mouchoirs ; inutile, c’est une opération commerciale qu’il renouvelle avec chaque fois un autre parfum. Carlotta croit se souvenir que c’était avant les grandes vacances. Non, il ne sait pas. Nous reniflons le parfum de Churchill, non. Nous repartons avec six languettes blanches parfumées et un mouchoir qu’il vaporise. A ma demande, il a copié de sa belle écriture (il a été graphiste, avoue-t-il (tout se veut, dans ses façons comme dans sa vêture, dans son discours comme dans son bon ton, élégance et raffinement, onction de la rareté, image de la boutique, une idée du beau, qui fait sourire Carlotta)) le nom des parfums sur quatre languettes. Dans la rue, plus loin, plus tard, l’une des deux languettes dit quelque chose à Carlotta. Ou plutôt, concède-t-elle, ayant porté à sa narine la languette, sans savoir pourquoi elle a pensé à Twin Peaks. Révélation. C’est celui-ci, c’est ce parfum. Seule de toutes, cette languette est sans nom. Nous y retournons. Lui, alors, d’un petit frémissement de narine, dit c’est Lord George. Le prix du flacon, surmonté certes d’une tête de cerf dorée tournée à la main, nous laisse pantois. Il parfume Carlotta et nous repartons sans hésitation ni regret ni promesse. Gâteaux chez Marianne.

Bug sur Amazon, me prévient-on, le livre est prévu pour le 1er avril !

lecture Lu-Xun, La Véritable Histoire de Ah Q.

Lecture, relis Jeou-P’ou-T’ouan ou la Chair comme tapis de prière, de Li-Yu, trad. Klossowski. Retombe sur la p.86 pour ses blancs, dont Carlotta m’indique qu’elle les voit, les devine également dans le corps des signes d’une page de livre. (reprendre l’idée et l’achever).

Terminé article sur le roman-photo. Idée répandue partout que les intellectuels méprisent et moquent le genre ; sous-texte : ils ne comprennent rien du sensible, vaquent dans le monde éthéré des idées.

On ne vieillit pas au bistrot.

Carlotta a 15 ans.

Le roman-photo ne regrette pas l’état du cinéma. Le programme de désirs ne suscite pas les mêmes ambiguïtés. Toujours dans la définition d’un art (nouveau ou pas), le ou les emprunts faits aux autres arts, ce qu’il leur doit, et finalement ce qui lui manque. D’un côté, les arts entiers, pleins, de bonne constitution, et les arts bancals, dits mineurs.

Pas d’ordi pendant une semaine.

Relu cinq romans de Manchette ; y retrouver les traces d’Echenoz.

Lecture de Chi Li, Triste Vie, de Fang Fang, Début fatal.

Repris Lao She, et avant et pendant le livre de Hervé Aubron sur Mulholland Drive, film de D. Lynch.

Deux nuits de fièvre ; curieusement dans la journée, presque guéri ; mais aujourd’hui non, reprise, mal à la gorge, aux cheveux. La nuit, presque en délire, grosse activité cérébrale, pas seulement des souvenirs (fièvre de Raskolnikov ; je m’appuyais sur deux fièvres littéraires, j’ai oublié la seconde), souvenirs d’autres fièvres, enfant ; et donc surtout élaboration de la structure du prochain roman, avec événements, phrases (au matin, presque tout est oublié). Reste ça : j’étais au comptoir, accoudé devant mon corps. Troisième nuit fièvre. Sortie courte, Pierre L. et Pierre. cent vingt, presque impossible. Beaucoup de salive régurgitée, obligé, mal en avalant.

Où suis-je ?

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