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10 avril 2018 § Poster un commentaire

entre Lévine et son frère, crainte personnelle qu’un orage n’éclate, que le temps se couvre et empêche la fenaison. Souvenirs de Normandie, mes oncles qui inspectent le ciel, se concertent, s’interrogent : on attend ou on y va ? Va-t-il pleuvoir ? La récolte, bonne ou fichue, se joue maintenant. Fenaison des blés, louer les machines, rassembler les hommes qui vont aider sur les champs, puis il faudra rendre la pareille, aller sur leurs champs.

Puis journée de travail, Lévine à la suite de Tite, qui lui prépare sa faux, grande fatigue après la fauche du premier andain. Regards et commentaires des paysans en chemise blanche ou en caftan sur ce maître qui travaille. Pages formidables qu’on tardait à lire, qu’on ne voulait pas lire parce qu’on se souvenait de l’orage et de la pluie qui auraient pu tout compromettre, et c’était comme la peur de voir le méchant survenir à l’improviste pour ôter toute joie. L’écriture précise de Tolstoï donne partout valeur d’expérience.

Toute la matinée qui suit la lecture, comme libéré de la crainte de la catastrophe de cette pluie sur les prés de Lévine, soulagé qu’ils aient pu couper, qu’ils pu surmonter l’obstacle. Évidemment, il faudra ramasser. Les pages suivantes, sans doute.

Par la fenêtre de la salle B 30, faîtes des arbres, bourgeons éclos, les jeunes feuilles des marronniers de la cour, tombant encore, frêles, hirsutes, au vent ; soleil sur ciel gris.

Pages suivantes, magnifiques. L’averse qui les rafraîchit. Béatitude du travail, fatigue dépassée, disparition des pensées, le temps s’efface ; c’est déjà l’heure du casse-croûte (mes oncles disaient la collation), lui apprend Tite.

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