L’étai du geste

16 septembre 2018 § Poster un commentaire

Se faciliter la vie. La vie facile. La vie commode. Que tout soit commode. Plus d’obstacles, plus d’histoire (s). Vivre en cosmonaute ou comme dans un ventre. Intubé, branché ; ne plus bouger que l’ongle ou l’œil. Adéquat. Des sons lointains parviennent à l’oreille, traduits en séquences musicales apaisantes, c’est-à-dire connues.

Au-dessus sont des gens qui se lèvent le matin et passent aussitôt l’aspirateur ; leur nuit produit de la poussière ; l’homme, ensuite, bricole avec bruit, œuvre au confort de l’appartement nouvellement acquis. C’est un couple toujours souriant avec horaires précis et réguliers. En un an, les murs et les sols et les plafonds ont tous dû subir un aménagement ; ça doit être très beau. A côté, un couple très vivant, qui s’entend avec tout le monde, très sympa ; ils invitent souvent et ce sont parfois des amis qui se trompent de porte et hurlent c’est moi, vas-y, ouvre ! En-dessous, un nouveau père crie, cuisine des aliments dans une huile qui brûle à la fenêtre. Au sixième, nécessitant sans doute un arrosage nourri, une plante invisible déborde tous les jours de son eau. L’été, fenêtres ouvertes, les conversations s’entendent très bien. Au sixième, il y a du monde, des touristes et des gens très polis et discrets. Parfois, tout le monde part et l’immeuble tombe dans un silence. On n’ose plus bouger pour ne pas le déranger.

Photo floue, anonyme.

La photo se passe tout à fait des mots. Dilemme.

Jia Zhangke, Still Life.

Alfred Stieglitz. Dorothy Norman XXIII, 1933

Dostoïevski en 1879 (cf. billet du jour d’André Markowicz)

Laisser un commentaire

Qu’est-ce que ceci ?

Vous lisez actuellement L’étai du geste à Chantier.

Méta