Dans les cartons

29 juin 2020 § Poster un commentaire

jusqu’au cou. Déménagement traumatique comme tous les déménagements.

De trois ou quatre gros cubes qui sont des caisses emplies de bricoles, Carlotta trie ses jouets, jette, garde ou donne (il y a trois destinations à son tri), compare avec sa copine (venue là pour aider) ce qu’elles ont eu, comment elles ont été gâtées. Au milieu du carton « poubelle », je reconnais soudain une des barriques gigognes, verte, la seule rescapée, la verte, mon jouet d’enfant que je sauve. C’est à moi ! ai-je dû dire sans oser prétendre à des sentiments autres que ceux de l’appartenance. Ce jouet ne lui appartient pas ni n’appartient à ses frères, c’est le mien. Il m’en reste, quoi ? dix, peut-être, de jouets, la plupart sur le bureau, des figures pour la plupart : un Zorro, deux militaires Bonux (figurines blanches d’une armée du XVIIIème siècle (l’un fait du tambour, l’autre tient une lance)). Cette barrique, je devais avoir deux, trois ans. Quel âge a-t-on quand on est capable de dévisser des barriques gigognes ? C’est-à-dire que les déménagements ravalent à des états qu’on ignore. Hormis Zorro, venu rejoindre l’archer agenouillé de Xi’an et un poilu de plomb, restent un Monopoly, mon nounours et principalement des livres crayonnés, déchirés, en lambeaux que je sauvegarde. Quand rééditerons-nous ce qui semble avoir tellement compté pour soi ? Des histoires de chats, de chiens abandonnés, de poulets inquiets. (je garde tous ces livres d’enfants parce que j’imagine pouvoir y puiser un jour l’origine de quelque chose qui me maintient). Comment vivre avec ce qu’on a été, et les quelques objets qui restent de cette période ? Comment vivre avec ce qu’on a été quand plus personne n’est là pour témoigner de quoi que ce soit ?

Dimanche 28 juin, couru, Bastille, coulée verte, accélérations, claquage arrière cuisse gauche, ne dure pas, lundi soir terminé.

Lundi soir, attente de cette rue de Braque, appart.

Où suis-je ?

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