A notre ordre

9 Mai 2024 § Poster un commentaire

le monde défile et va s’effaçant,

Au doigt

et à l’œil

La silhouette, à gauche

1 février 2024 § Poster un commentaire

de l’ancienne tour du guet,

c’est moi.

Le château de Solages à Saint-Bonnet de Valclérieux accueillait une colonie de vacances dans les années 60-70, gérée par L’Entraide coopérative (les magasins Coop) qui administrait plus d’une dizaine de lieux destinés aux vacances des petits (châteaux, manoirs, villas, grandes maisons, chalets… à Obernai, Cubrial, Boyardville, Concarneau, Gérardmer, La Croix Valmer, Pont Minaouët… ) dans toute la France. C’est l’heure de la sieste. Il fait chaud. Tous les enfants se reposent dans les dortoirs silencieux. Sauf un. Accompagné d’un moniteur (mot ancien pour animateur), il porte ses draps souillés de la nuit jusqu’aux deux grands bacs de lavage en béton sis derrière le château. A l’inconvénient d’avoir voulu, le matin même, cacher qu’il avait fait, suit la honte de ne pas dormir avec les autres, de devoir défaire lui-même son lit et de porter lesdits draps. Tout la matinée de ce jour, alors que les autres jouent, il se demande ce que lui réserve le sort, punition, restriction, mise au ban, proclamation. Comme tous les autres se couchent, lui non. Le vent dans les grands arbres du parc. Il étend les draps rincés sur le fil. Il s’assoit dans l’herbe. Les draps sècheront vite au soleil. Il aura le temps de refaire son lit pour participer aux jeux de l’après-midi. Non. Une sortie a été organisée, randonnée, gymkhana, jeux de piste… Le château est vide. Une grande fille est là aussi, a été punie. Ils prennent leur goûter au soleil. Le vent dans les arbres.

Comme on se trompe

1 janvier 2024 § Poster un commentaire

La fin

qu’on ne voit pas venir. On est trop bête.

available.

On se fait à manger parfois, pfff

29 novembre 2023 § Poster un commentaire

Ce soir, seul, de cébette achetée rue au Maire pour confectionner les pâtes biang-biang du jour (menu depuis des jours), flemme tout d’un coup. La pâte des nouilles est pourtant faite et refaite, dûment malaxée, mais flemme. Alors, on chope une tranche de mauvais cheddar pour hamburger acheté un autre jour, fromage mi-plastifié qui colle aux dents, on coupe une tige de cébette à longueur, qu’on roule dans la dite tranche et qu’on agrémente (?) d’une touche de Lime pickles de chez Patak’s, histoire de relever. Le tout ne fait pas un dîner, mais détourne l’attention de l’estomac. Se faire à manger, c’est quelque chose.

je sombre

oui, bientôt Noël

De retour

7 août 2023 § Poster un commentaire

à Paris, je suis ainsi

des restes de vacances qui ne veulent pas partir, nous raccompagnent, disent c’est chez nous, le plus souvent ne disent rien, insistent par câlins ou parades nuptiales. On connaît, on ne s’en laisse pas compter, on reprend nos habitudes.

non mais.

Ma fiancée veut tout le temps me recoiffer, m’ébouriffer, me faire quitter cet apprêt qui me donne l’air de ce que je ne suis pas. Je lutte, je lutte vraiment, m’emporte, ne touche pas mes cheveux, merde. Quand j’enlève mon casque de vélo, ma tête est plus acceptable, semble-t-il, pour elle. Ce qui ne va pas c’est que je me coupe par économie les cheveux tout seul. Vieillissant, de face, je fais dix ans de moins, de dos, mon âge ou plus. Les cheveux ont toujours été un souci. On en fait ce qu’on veut, courts, longs, peignés ou pas, ils confèrent l’atour, la mode, le raté, le ringard au visage qu’on pense immuable. Tu parles. Il faudrait oublier ses cheveux. L’histoire des cheveux.

Dimanche 20 août 2023, course vers 10 h 30, 2 heures, même parcours. K. est là, après le troisième tunnel, avec un casque de vélo, sac marron qui masque, protège sa bouteille au chevet de son banc, debout, en train de donner des instructions ou de compter les mouvements à des types qui font des agrès de musculation. Je m’arrête, prononce son prénom, aussitôt, sans me reconnaître, il s’avance, je tends la main, mais il me fait une accolade et me tapote le dos, je suis explosé de chaud et de transpiration et lui a une haleine vineuse, vers 11 heures. Il dit qu’il n’est pas tout le temps là le dimanche parce que (il me ressert le même prétexte) il est en rtt !!! Il est content, on se souhaite une bonne journée. Tout de même sur cette coulée verte (nom horrible qui donne envie de changer de parcours), hormis les couples avec poussettes, beaucoup de gens seuls : un type maigre qui marche en lisant, un Chinois qui étudie une plante ou fait semblant, il est toujours près de la même plante quand je reviens, mais étudie son porte-clefs, des femmes plus très jeunes seules qui s’obligent à des sortes de promenades de santé, nombreux types un peu vieux assis sur un banc, devant leur téléphone ou qui regardent ; comme la passerelle André Léo est fermée, il faut passer par le jardin de Reuilly où seuls, sur des serviettes, ici et là, un homme, une femme prend un bain de soleil, deux femmes asiatiques (vues la semaine passée) font du taï chi à mains nues puis avec sabre, puis les chiens.

Grande course à vélo. Parti au Vert-Galant en Rer-B pour l’achat d’un Motobécane des années 70, guidon course, et retour par le chemin de halage le long du canal de l’Ourcq, par Sevran, Bondy, Pantin. La selle, mal vissée, s’est enfoncée. Tout le long, promeneurs rares, coureurs, gens qui ne sont pas partis en vacances, enfants qu’il faut sortir ; à un moment, seul, un type en slip, vêtements pliés sur le porte-bagage de son vélo, prend le soleil debout près de la berge. Tout le long, retrouver odeurs de plantes, chèvrefeuille surtout, et celles des buissons de bords de l’eau. Avec le soleil, la poussière du chemin ou le goudron sec de la route, les badauds, les cités aperçues, c’est tout l’ennui de la banlieue qui remonte de l’enfance. Le vendeur du vélo était allé, lui aussi, au lycée Voillaume d’Aulnay-sous-bois, il se souvenait de Bénelli, le surveillant général de l’époque ; évocation de la banlieue.

Dimanche 27 août, même parcours ; comme l’air est plus frais, grande facilité, peu de fatigue. Pas de K après le troisième pont (en fait, ce sont des tunnels ; on court sous les ponts). Les deux femmes asiatiques discutent, leurs bâtons et accessoires et sacs au pied d’un arbre ; quand je reviens, un grand jeune homme noir fait des mouvements avec elles, pas au point. Beaucoup plus de monde aujourd’hui. Nombreux coureurs, souvent par couple. Pour moi qui n’aime pas courir, les raisons que les autres ont de le faire m’interrogent tout le temps ; elles sont le principal attrait de ma venue ici. Courses au Monop, remonté le vélo et les courses.

C’est pareil. Tu meurs et il reste du parfum dans tes bouteilles. Et toutes tes casseroles, tes appareils ménagers mobilisés pour lutter contre l’obsolescence programmée sont encore là sur la paillasse. Mais tu es mort. Tes livres que tu ne voulais pas corner ni abîmer, que tu couvrais parfois de papier de soie sont là. Et pas toi. Ton piano, tes verres, tes draps de métis… et commence l’inventaire de ton testament. L’eau de toilette, les chaussures et les caleçons finiront à la poubelle. Donc quoi ? Use et parfume-toi.

Black Country, New Road

28 juin 2023 § Poster un commentaire

Changeant d’accroche et d’hostilité

HOTEL CALIFORNIA. La variété, la chanson de variété, internationale ou pas, est l’occasion d’être happé. Hors du jugement, hors de toute possibilité d’être taxé : souvent d’amour, la chanson ne saurait être comprise que par ceux qui la vivent ou l’ont vécue. A partir de là, il n’y a plus rien à dire ni à penser.

Depuis un mois, plus, un an peut-être, je ne cesse d’écouter (ou plutôt comme l’algorithme de YouTube le replace sur la page, je clique paresseusement sur le rectangle) ce morceau qui date de 1976. Je l’écoute dans une version live de 1977 (Live from the Capital Centre in Landover, Maryland in 1977) sur YouTube. C’est une chanson très très connue, un tube universel. Or, je ne sais pas pourquoi je l’écoute. Je sais qu’on découvre, avec l’âge, de moins en moins de musiques, cependant en revenir à des hits si… les passages d’un rythme à l’autre sont toujours aussi lourds, la composition de l’ensemble est toujours faible, peu importe. Il y a d’abord la voix du batteur qui chante, éraillée, presque plaintive, quémandante, et qui fait deux choses à la fois : il chante et il bat ses tambours… et c’est comme si je me rendais au goût de ceux qui aimaient à l’époque une musique que je détestais, que je trouvais facile, trop universelle… En fait, je me suis rendu. Mais, il y a autre chose, maintenant, enfin depuis un certain temps, la possibilité de traduire rapidement des textes élargit des perspectives, et les musiques anglaises surtout ou américaines qu’on écoutait parce qu’elles sonnaient anglais, c’est-à-dire surtout pas français, accèdent à une compréhension qui dépasse le goût d’en découdre avec la chanson française : Hotel California veut dire quelque chose que nous n’avions jamais compris et qui n’est pas si mal. (nous ne parlons pas de musique ni de genres musicaux). Hotel California reste de la soupe, mais cette soupe, nous comprenons pourquoi la plupart des gens s’en entichent. …. chantier… Il y a dans le fait de citer cette chanson un affadissement du goût, une pauvreté qui doit faire comprendre aussitôt l’inintérêt global de celui qui s’y colle. Voici mon étendard : la variété internationale, bref, aucune pensée.

Une nostalgie alors. Oui.

L’un de mes arrière-grand pères figure sur la photo. Un autre, zouave, trois fois cité, reste sans photo.

Dimanche. Fontaine de fin de course en maintenance sur le chemin des dix kilomètres dominicaux. K. n’est pas là, à sa place après le troisième tunnel vers le bois de Vincennes. Au retour, passage au marché Bastille : plus de rhubarbe, j’ai trop tardé. La souris, traquée depuis des mois (elles sont plusieurs, il ne peut en être autrement), se donnait ces jours-ci des libertés, allait, venait, de la paillasse jusqu’au canapé ou vers le bureau, faisait machine arrière en sentant une présence ; vers 16 heures, elle faisait beaucoup de petits bruits, était chez elle ; aperçue sur le manche de la planche à découper puis au-dessus des petits sachets d’épice, elle bondit sur la table de service parmi les bocaux propres et vides. Je la loupe de ma tong. Elle bondit vers les petites étagères à épices et se réfugie derrière un bocal. Je la vois, museau vers le mur. Coup de planche, loupé ! mon pouce éclate. Je la mure entre deux étagères au moyen d’une planche ! Suspense de chercher marteau et clous, pourvu qu’elle ne s’échappe pas. Je cloue une planche d’agglo sur les étagères. Depuis elle grignote je ne sais quoi. Entre temps, visionner des dizaines de sujets sur youtube qui piègent les souris.

rien

26 juin 2023 § Poster un commentaire

en fait, non

17 juin 2023 § Poster un commentaire

pas fini

il manque quelque chose ; la partition ne convient pas. L’éditeur me le fait savoir. Il a raison. Je n’avais pas trouvé la partition, la répartition. Je ne l’avais trouvée. Je pensais que ça passerait crème, tu parles. Il faut s’y remettre. Remettre de soi. En enlever surtout.

Fini,

10 avril 2023 § Poster un commentaire

enfin, je pense.

Boxer Joe Louis wearing a robe in dressing room.
Boris Pasternak (1890-1960), 1930s. Found in the collection of Institut of Russian Literature IRLI (Pushkin-House). (Photo by Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images)

Moins il y a de mots (c’est une leçon), plus ils vibrent. La poésie connaît bien ce système de rareté, elle qui part au front du sens avec parfois seulement quelques vers.

J’ai dansé

7 février 2023 § Poster un commentaire

Extrait de
Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords (1572)
Estienne Tabourot

Ma dernière salle, la plus petite de l’établissement, premier étage.

C’est la fin. Les exposés sur les blasons, la mythologie sont déposés. Restent quelques illustrations de Lubin Baugin, Michel-Ange, Léonard, des céramiques grecques… et une anomalie, une toute petite danseuse rose montée sur ressort au bout d’un stylo. L’armoire a été entièrement vidée. Restent quelques livres, la bouteille de solution hydro-alcoolique. (à suivre)

Celle qui marche. Gradiva.

Où suis-je ?

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